Chronique d’un printemps ornithologique : Mars 1968

Le Groupe Ornithologique Nord, sous la section « Le Merle Clair », nous livre une synthèse détaillée des observations d’oiseaux réalisées en mars 1968, principalement dans la région du Nord de la France. À travers ces précieuses notes, c’est un véritable voyage dans le temps qui nous est offert, au cœur d’un paysage vivant où la nature reprend ses droits à l’approche du printemps. Voici les moments marquants de ces observations, accompagnés des anecdotes et des découvertes inattendues de passionnés d’ornithologie.

Une équipe dédiée à l'observation de la faune ailée

Les membres actifs du groupe « Le Merle Clair » incluaient des passionnés tels que Y. Lemaire (Y.L.), A. Vercoutter (A.V.), J.-C. Beghin (J.C.B.), P. Leclercq (P.L.), G. Buns (G.B.) et J.-C. Six (J.C.S.). Ensemble, ils sillonnaient les forêts, marais et champs du Nord pour capturer des instants rares de la vie sauvage, toujours avec une approche respectueuse et documentée.

Les moments forts du mois de mars 1968

  • Héron cendré : L’un des moments phares du mois fut sans aucun doute l’observation de 35 hérons cendrés le 24 mars à Éperlecques. Une scène majestueuse, rappelant la persistance de cette espèce emblématique au sein des écosystèmes humides de la région. À Erquinghem, le 21 mars, un autre héron cendré fut vu en pleine chasse, offrant un spectacle fascinant de grâce et d’efficacité.

  • Butor étoilé : Oiseau rare et mystérieux, un Butor étoilé fut aperçu le 26 février à La Motte au Bois, dans la forêt de Nieppe. Cette espèce, souvent discrète, est connue pour se dissimuler au sein des roseaux, et son observation est toujours un moment privilégié pour les ornithologues.

  • Canard col vert : Le canard col vert, quant à lui, fut largement observé tout au long du mois, notamment à Erquinghem, où l’on recense 8 mâles et 2 femelles le 26 mars. Ce canard, commun mais jamais banal, est une présence constante et réconfortante des zones humides du Nord.

  • Sarcelle d’hiver : Parmi les autres anatidés, la Sarcelle d’hiver fut également observée en grand nombre, en particulier à Laventie, avec des vols constants enregistrés les 9 et 23 mars. À Erquinghem, les membres du groupe notèrent la présence de nombreux couples sur les plans d’eau locaux.

  • Garrot à œil d’or : Une espèce plus rare, un Garrot à œil d’or mâle fut vu le 8 mars à Erquinghem. Cette observation suscita beaucoup d’intérêt, car ce petit canard plongeur est peu commun dans la région, et le voir en pleine saison hivernale fut une belle surprise.

  • Faucon pèlerin : Les rapaces n’étaient pas en reste : un faucon pèlerin fut observé le 31 mars capturant une proie en vol à Watten, témoignant de la vigueur et de la puissance de ce prédateur, qui est toujours un spectacle en vol.

  • Huîtrier pie : Pour clore ce mois d’observations, notons la présence de deux huîtriers pies à Steenwerck le 31 mars, renforçant l’idée que mars est bel et bien un mois de transition où les oiseaux commencent à migrer ou se préparer à la saison de reproduction.

Les ombres du printemps : la chasse et les dangers pour la faune

Si ces observations révèlent une nature vibrante, certaines notes rappellent aussi les dangers auxquels les oiseaux étaient exposés à cette époque. On apprend notamment que certains individus furent « tués », comme le Butor étoilé à Erquinghem, ou des canards chipeaux. À une époque où la chasse était plus courante, de telles mentions résonnent aujourd’hui avec une certaine amertume, face à la prise de conscience croissante de la nécessité de protéger notre faune.

Pour conclure

Cette synthèse du mois de mars 1968 nous plonge dans une époque où l’ornithologie de terrain était encore une pratique artisanale, faite de passion et d’observation minutieuse. Chaque note, chaque observation reflète la dévotion des membres du Groupe Ornithologique Nord, qui œuvraient pour documenter et comprendre les comportements des espèces locales. Si le cadre a changé depuis, l’amour de la nature et des oiseaux demeure intemporel. Cette chronique ornithologique est le témoin précieux d’un passé où la nature se révélait à qui savait la regarder.